La Justice constitue un pilier fondamental de l’Etat de droit.
Elle constitue, en effet, un rempart contre toutes formes d’arbitraire en même temps qu’elle garantit le respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens.
Elle est une condition indispensable pour avoir la paix et la cohésion sociale.
C’est la raison pour laquelle, les Etats ont la mission régalienne de mettre en place des institutions et des mécanismes en vue de garantir à tous les citoyens un égal accès au service public de la justice.
Toutefois, dans beaucoup de pays les populations éprouvent des difficultés à accéder au service public de la Justice de manière équitable. Celles-ci sont liées notamment à l’éloignement géographique des tribunaux, au coût des procédures, au caractère ésotérique du langage judiciaire, à la complexité et aux lenteurs des procédures judiciaires.
Les difficultés d’accès au service public de la Justice sont également accentuées par des facteurs comme l’analphabétisme, la pauvreté, l’éloignement des juridictions et l’inadaptation des mécanismes de règlement des conflits aux réalités socio-économiques.
C’est pourquoi, l’État du Sénégal, conscient du fait que son institution judiciaire n’était pas suffisamment proche des citoyens, avait fait de l’accessibilité de la Justice un des objectifs spécifiques du Programme Sectoriel Justice (2004-2014) avec comme axes stratégiques la réforme de la carte judiciaire et la création d’un Dispositif Justice de Proximité.
En appoint au système judicaire classique, le rôle assigné à ce dispositif était de compléter l’offre de justice, permettant ainsi de prendre en charge une bonne frange de la population considérée comme vulnérable face à l’accès au service public de la justice.
Dans le but de rapprocher la Justice du justiciable, l’Etat du Sénégal avait ainsi, en 2004, créé trois Maisons de Justice pilotes installées aux HLM à Dakar, à Diamaguène Sicap-Mbao et à Rufisque, qui avaient pour mission de promouvoir la médiation conciliation comme mode privilégié de règlement des différends au sein des communautés contribuant ainsi au désengorgement des rôles des juridictions.
A partir de l’année 2006, des Bureaux d’Information du Justiciable (BIJ) et des Bureaux d’Accueil et d’Orientation du Justiciable (BAOJ) ont été ajoutés au Dispositif Justice de Proximité.
Actuellement en cohérence avec l’axe 3 du Plan Sénégal Emergent (PSE), consacré à la gouvernance, aux institutions, à la paix et à la sécurité, le dispositif poursuit ainsi l’objectif d’améliorer l’accès, la qualité et l’efficacité de la justice.
De trois (3) Maisons de Justice pilotes en 2004, le Dispositif Justice de Proximité est passé aujourd’hui à trente-deux (32) Maisons de Justice, dix-neuf (19) Bureaux d’Accueil et d’Orientation du Justiciable (BAOJ) et quatre (4) Bureaux d’Information du Justiciable (BIJ) soit au total cinquante-trois (55) structures. Il est actuellement administré par la Direction de la Justice de Proximité et de la Promotion de l’Accès au Droit (DJPPAD) du Ministère de la Justice.
Ces structures ont démontré leur utilité et bénéficient de l’adhésion des populations, des acteurs de la justice ainsi que des partenaires techniques et financiers.
On peut relever à cet égard que, de 2006 à 2022, les maisons de justice ont reçu neuf cent soixante-douze mille sept cent trente-quatre (972 734) usagers.
Elles ont informé deux cent vingt-huit mille neuf cent cinquante-huit (228 958) personnes sur leurs droits et traité cent quatre-vingt-neuf mille huit cent quatre-vingt-dix-huit (189 898) dossiers de médiation avec un taux global de conciliations réussies qui avoisine les 75%. Elles ont également assisté, de 2015 à 2022, cent trente-huit mille trois cent quatre-vingt-sept (138 387) personnes pour l’obtention et la rédaction d’actes divers.
En ce qui concerne les réclamations relatives aux « petites créances », de 2010 à 2022, elles ont aidé à recouvrer des créances pour un montant d’environ trois milliard neuf cent cinquante-cinq millions neuf cent vingt-cinq mille cinq cent quatre-vingt-un (3.955.925.581) francs CFA.